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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

cien Stésichore. Les monuments de ce génie furent négligés et s’oublièrent, et sa renommée servit seulement de prétexte à des jeux frivoles de rhéteurs grecs. Des vingt-six livres de poésies que ce grand lyrique avait composés, il est resté seulement quelques vers épars, trop isolés pour offrir autre chose que des échantillons d’élégance verbale et d’harmonie.

Stésichore cependant, outre la guerre et la liberté, les grandes épreuves et les grandes passions de l’homme, avait aussi chanté les aspects de la nature et quelques-uns des phénomènes célestes. Pline le Naturaliste cite les génies sublimes des poëtes Stésichore et Pindare, comme attestant par leur exemple la misère et l’effroi de l’âme humaine devant une de ces éclipses de soleil où elle croyait voir, soit le présage de quelque grand crime[1], soit la mort même des astres.



  1. Misera hominum mente, in defectibus, scelera, aut mortem aliquam siderum pavente : quo in metu fuisse Stesichori et Pindari vatum sublimia ora palam est, deliquio solis. (Plin., lib. II, c. ix)

10.