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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

impétueux de sa lance, et qu’il agite sur sa tête une menaçante aigrette ! que, par de vigoureux exploits, il s’exerce à la guerre, et ne se tienne pas, sous le bouclier, à distance des traits ennemis ; mais qu’abordant de près et frappant avec la javeline ou l’épée, il prenne le guerrier captif ! Que dans le rang, pied contre pied, le bouclier s’appuyant au bouclier, l’aigrette à l’aigrette, le casque même au casque et les poitrines s’entrechoquant, il combatte l’ennemi, la poignée du glaive ou la longue lance à la main ! Et vous, jeunes vélites, çà et là tressaillant sous vos boucliers, combattez, lancez de forts cailloux ; et, dardant vos flèches légères, restez près du bataillon de vos hommes d’armes. »

Vraie poésie lyrique du patriotisme et du courage, qu’un grand écrivain de nos jours compare à la Marseillaise !

De tels débris sont encore des statues. Le génie, comme le courage d’une noble race, est vivant et debout dans ces courtes élégies de Tyrtée. L’imagination qui en est saisie ne peut se défendre de regretter tant de choses qu’elle a perdues, de la même inspiration et du même temps. Que nous reste-t-il de Stésichore, dont Horace célébrait la forte muse, et auquel il emprunte un célèbre apologue ? Quelques vers épars et sans liaison, à peine un distique complet. C’est cependant le grand poëte, le puissant lyrique, dont, un siècle après Horace, Quintilien disait encore : « La force de son gé-