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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Le législateur d’Athènes, celui dont les lois, dans quelques maximes éparses, offrent encore de mémorables leçons, résista jusqu’à la fin à la lente usurpation de Pisistrate, dénonça ses menées populaires, protesta contre sa garde, et, enhardi par la vieillesse, vécut libre, même sous un maître qu’il avait pressenti et bravé. Il ne conseillait plus au peuple ni la guerre ni la résistance ; mais il racontait en vers les traditions de l’île Atlantide, cette contrée bien lointaine, si elle n’est fabuleuse, où déjà les sages plaçaient la justice et la liberté, qu’ils n’espéraient plus auprès d’eux. Ainsi vécut et mourut ce sage, dont l’œuvre, étouffée de son vivant, devait revivre après lui dans la gloire, le patriotisme et le génie d’Athènes.

Solon, poëte si élevé et si pur, dans le petit nombre de vers conservés comme des dates principales de sa vie, était contemporain de Thespis et n’assista qu’au premier réveil poétique d’Athènes. Son exemple dut recommander d’autant plus l’art nouveau dont il s’était servi avant qu’Hérodote, cet Homère de la prose, vînt charmer les Hellènes par sa grâce ionienne et la peinture de leurs exploits. Sous la première inspiration des chants guerriers recueillis par Lacédémone comme par Athènes, la poésie, dans sa forme élégiaque et lyrique, restait la conseillère des peuples, et, après les oracles, la première voix qu’ils écoutaient.

À ce titre, on doit placer vers les temps qui précédèrent la guerre persique et les agitations des villes