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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

religieux et moral que ces vers élégiaques du législateur d’Athènes ?

« Postérité brillante de Mnémosyne et de Jupiter Olympien[1], Muses Piérides, écoutez ma prière ! Accordez-moi la riche abondance qui vient des dieux immortels, et donnez-moi d’obtenir toujours de tous les hommes bonne renommée, d’être ainsi doux à ceux que j’aime, amer à mes ennemis, respectable à ceux-ci, terrible à ceux-là.

Je désire avoir des richesses ; mais y atteindre par l’injustice, je ne le veux pas. Toujours l’heure vengeresse arrive à la suite. La richesse que donnent les dieux demeure stable, des fondements jusqu’au faîte ; celle que convoitent les hommes s’enlève par la force, sans égard au droit. Attirée par d’injustes manœuvres, elle suit contre son gré, et bientôt se perd sous la malédiction. Le commencement est peu de chose, comme dans un incendie faible d’abord, lamentable à la fin ; car, chez les mortels les œuvres de la violence ne durent pas. Jupiter voit le terme de tout. Comme un vent du printemps dissipe soudain les nuages, puis, remuant les pro-

  1. Μνημοσύνης καὶ Ζηνὸς Ὀλυμπίου ἀγλαἀ τέκνα,
    Μοῦσαι Πιερίδες, κλῦτέ μοι εὐχομένῳ.
    Ὄλβον μοι πρὸς θεῶν μακάρων δότε, καὶ πρὸς ἀπάντων
    ἀνθρώπων αἰεὶ δόξαν ἔχειν ἀγαθήν·
    εἴναι δὲ γλυκὺν ὧδε φίλοις, ἐχθροῖσι δὲ πικρόν,
    τοῖσι μὲν αἰδοῖον, τοῖσι δὲ δεινὸν ἰδεῖν.

    Poet. lyr. græc., ed. Bergk., p. 325.