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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

lusions et ses souvenirs de guerre. Le reflet des armes illumine ses vers, lorsqu’on l’entend s’écrier : « La maison resplendit d’airain, et tout le lambris est orné pour Mars de casques étincelants, d’où pendent des crinières à décorer les têtes des guerriers. À des clous cachés sont suspendus des brodequins d’airain, forte défense contre les dards, des cuirasses tissues d’un lin nouveau, et les creux boucliers éprouvés par le tranchant des épées de Chalcis, et les baudriers nombreux, et les tuniques de guerre[1]. »

Le poëte parlait ainsi, ayant déjà paru, dans l’action, moins ferme qu’il n’était épris de ce luxe des armes. Ailleurs, se plaisant à décrire une devise de bouclier, il comptait avant tout sur la vaillance et la célébrait comme le meilleur rempart des villes, dans des paroles que Platon lui emprunte, lorsqu’il cherche les conditions de sa république idéale.

Et cependant toute cette ardeur guerrière d’Alcée échoua contre la modération habile ou généreuse de Pittacus. Vaincu dans une descente à Lesbos et fait prisonnier, le poëte reçut sa liberté et renonça désormais à troubler sa patrie. Selon diverses notions

  1. Μαρμαίρει δὲ μέγας δόμος χάλκῳ· παῖσα δ’ Ἄρῃ κεκόσμηται στέγα
    λάμπραισιν κυνίαισι, καττᾶν λεῦκοι κατίπερθεν ἴππιοι λόφοι
    νεύοισιν, κεφάλαισιν ἄνδρων ἀγάλματα, χάλκιαι δὲ πασσάλοις
    κρύπτοισιν περικείμεναι λάμπραι κνάμιδες, ἄρκος ἰσχύρω βέλευς,
    θόρρακές τε νέω λίνω κώιλαί τε κατ’ ἄσπιδες βεβλήμεναι·
    πὰρ δὲ Χαλκίδικαι σπάθαι, πὰρ δὲ ζώματα πόλλα καὶ κυπάσσιδες.

    Poet. lyric. græc, ed. Bergk, p. 573.

8.