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Constitution et de toute liberté. Ce sont les souverains héréditaires, les souverains légitimes, qui peuvent établir la liberté, surtout dans les grands États, où toute révolution ne saurait arriver que par l’emploi de la force militaire, qui n’enfantera jamais qu’un pouvoir violent comme elle : ainsi les maximes de la liberté se confondent avec les Intérêts des rois. Ces maximes ne sont plus, aujourd’hui, la suite de la révolution ; elles sont nées de nouveau, pour ainsi dire, de l’horreur du despotisme impérial ; elles ont en leur faveur l’exemple de dix ans de domination absolue aussi sont-elles chères à des hommes qui n’ont jamais connu les premières théories de la révolution.

Note H. En célébrant la loyauté chevaleresque de nos vieux temps, M. de Châteaubriand avait marqué mieux que personne cette puissance des idées nouvelles, cette ruine irréparable des anciennes mœurs, des anciens priviléges. « L’esprit du siècle, dit-il, a pénétré de toutes parts ; il est entré dans les têtes, et jusque dans les cœurs de ceux qui s’en croient le moins entachés. » M. de Châteaubriand expose partout cette vérité avec une force, un éclat, et quelquefois une expression de regret qui en augmente encore l’évidence. De cette vérité résulte le bienfait de l’ordre constitutionnel, établi par un sage monarque.

Il fallait à la France une loi de liberté qui pût satisfaire les idées et les espérances du siècle il fallait une transaction solennelle qui garantit les intérêts nouveaux : le roi donna cette Charte, désormais inséparable de la monarchie et formant dans ses principes de liberté civile et politique une base imprescriptible de gouvernement national ; plus elle sera puissante, plus la monarchie elle-même s’affermira. L’inviolabilité de la loi ajoute encore a celle du trône ; et tel est l’avantage de la stabilité, que même appliquée à des institutions de liberté, elle est utile au pouvoir.