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la plus abstruse, et dans les antiquités de l’histoire et de l’art.

Déjà consolidée par une possession de plus de vingt ans, sans guerre européenne il est vrai, affermie sur elle-même par la victoire et la colonisation croissante, l’Algérie française, placée si près de sa puissante métropole, semble à l’abri des vicissitudes qui nous enlevèrent si promptement l’Égypte : elle n’est pas dans nos mains une proie aussi redoutable et aussi enviée ; elle doit, par un système habile d’administration, par une communication réciproque et plus hâtive des deux langues, par l’action plus rapide de nos arts plus perfectionnés, nous être assimilée plus vite qu’elle ne le fut aux Romains, qui cependant réussirent à la posséder en paix plus vaste que nous ne l’avons, pendant plusieurs siècles, et à travers bien des révolutions de pouvoir, dans leur propre empire. Il nous restera donc cette fois de l’Afrique autre chose que la carte de la Conquête, et la description des ruines qu’on n’a pu garder. ! 1 y a lieu d’espérer que cette terre féconde, qui nous a coûté déjà tant de sacrifices, et qui, pendant la longue paix du Continent européen, a seule formé les généraux de la France, finira par être un surcroit de force et de richesse pour elle.

Mais quoi qu’il arrive, le titre de gloire de cette Conquête, c’est ce qui sera fait, à son occasion, pour le bien et l’honneur de l’humanité, pour la culture des sciences, pour le progrès de quelque noble étude, pour l’application de quelques arts utiles. Que l’érudition, cette source des lettres dans les siècles avancés, que l’érudition, qui a déjà retrouvé tant de traces et utilement marqué tant d’étapes de la conquête romaine en Algérie, ne se lasse pas de défricher l’Afrique ! Qu’elle y pénètre, s’il est possible, au delà de nos frontières déjà fort étendues Parmi les soins de luxe intellectuel qu’on peut proposer à ses efforts, parmi les problèmes dignes d’elle et les produits précieux que peut amener l’alliance des études arabes aux études d’antiquité, il n’y aurait pas succès plus utile, plus célèbre, plus européen que la découverte de quelqu’un de ces monuments du savoir et du génie antique qui manquent à la science moderne, et qu’elle regrette et ne peut remplacer au milieu de sa richesse.

Redisons donc que des exemplaires arabes du grand ouvrage politique d’Aristote, de l’Esprit des lois de l’antiquité, existent