Page:Villemain - Discours et mélanges littéraires.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’autre que les gracieux chefs-d’œuvre de leur goût et de leur génie. Une telle poursuite n’est pas moins digne du zèle inventif, de l’ardeur savante des officiers français, que cette recherche des Inscriptions romaines qui a si honorablement occupé, pour quelques-uns, les loisirs de la conquête dans l’Afrique française. Le public sait vaguement, et on ne peut trop redire, ce qu’ont fait d’admirable sous ce rapport M. le colonel Carbuccia, M. le capitaine d’état-major Daumas, si bien suivis par l’activité courageuse, l’érudition. la sagacité d’un jeune et modeste savant, M. Renier. La carte épigraphique de la province romaine d’Afrique sera en partie relevée ; et il est facile de juger que de lumières précieuses pour l’histoire, que d’indications même utiles à la conquête peuvent sortir d’une semblable étude. Souhaitons qu’elle se poursuive, qu’elle s’étende, qu’elle continue d’être protégée par le pouvoir militaire et civil, encouragée par l’estime publique ! Retrouvons, le plus qu’il est possible, en Afrique, la trace du passé, au profit de la possession présente et pour le service comme pour la gloire de l’établissement français élevé sur les ruines romaines. C’est en ce sens qu’à côté des travaux si habilement appliqués à l’investigation des monuments de défense et d’art, des itinéraires antiques, des campements préférés, des inscriptions historiques ou domestiques, de tout le résidu matériel enfin de l’ancienne vie romaine, il serait beau de voir quelques-uns des jeunes arabisants de l’Algérie, tourner leur curiosité à la recherche des débris d’histoire ancienne et de génie grec que renferment certainement encore la langue arabe et la terre d’Afrique.

Accroître les connaissances humaines, acquérir quelque lumière nouvelle, ou même quelque occasion pour la science et le génie des arts, c’est souvent le meilleur profit des Conquêtes mêmes durables ; c’est presque l’unique produit, le seul dédommagement des Conquêtes passagères. Que reste-t-il de la magnifique expédition d’Égypte, en 1798, de ces quinze mois de merveilles guerrières, de tant de gloire et de désastres ? Il reste le souvenir de l’Institut français du Caire, le monument scientifique commencé au milieu de l’expédition même, achevé pour en perpétuer le souvenir et en célébrer le héros ; il reste l’impulsion que donna ce grand exemple, les voies qu’il ouvrit, les découvertes qu’il prépara, et qui se sont accomplies ou se poursuivent de nos jours dans la philologie