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ENVOI.


Contesse, suer vostre pris souverain[1],
Vous saut et gart cil à qui je m’enclain,
Et por qui je suis pris ;
Je ne dis pas de cele de Chartain,
La mère Loéis.


Il me semble qu’après avoir lu ces vers touchans, on sera disposé à quelque indulgence pour les barons françois qui se croisèrent à Ecri en 1198, quand même ils ne l’eussent fait que pour éviter la colère du Philippe-Auguste.

§. VIII.

Ligne 2. Por savoir quant il mouveroient. Cette incertitude sur le temps du départ confirme assez bien les motifs purement politiques que l’on assignoit à la prise de croix. Le point important pour les barons françois étoit d’opposer à la vengeance de Philippe Auguste le manteau du croisé ; tout le reste étoit d’un intérêt secondaire. Aussi furent-ils long-temps avant de se décider à partir, et Quènes de Béthune le leur a vivement reproché dans une chanson insérée au Romancero françois, page 95. Voyez aussi la note de Du Cange sur les difficultés réelles de la traversée, page 262.

Ligne 5. Encore deniers assez. Variante : Assez gens croisié.

Ligne 6. A Compiegne. Variante du no 455 : En Champaigne.


  1. Contesse suer. C’est Marie de France, comtesse de Champagne, fille de Louis VII et d’Alienor, mère de Richard. Marie gouvernoit la Champagne en l’absence de son mari croisé. — Voici la traduction complète de cet envoi : « Ma sœur la comtesse, puisse le Dieu, à la volonté duquel je me soumets, et pour lequel je suis pris, vous conserver vos honneurs et votre terre ; je ne forme pas ces vœux-là pour la comtesse de Chartres, la mère de Louis. » Ce passage prouve que Richard croyoit alors avoir à se plaindre d’Alix, sœur de Marie de France et alors veuve de Thibaud V, comte de Blois et de Chartres.