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Sylvie de Moliere

punir de luy avoir preferé ce Gentil-homme. Et je l’en excuſe bien ; un Amant qui perd n’eſt pas obligé d’en uſer plus civilement. Il fit connoiſtre ſous main à la Comteſſe les amours de ſon fils, & quelles dangereuſes ſuites elles pourroient avoir. La Dame qui avoit de l’ambition, & avec juſtice (leur famille eſt une des plus nobleſ & des plus riches du Royaume,) ne s’endormit point y donner ordre ; Elle me tira un jour dans ſon Cabinet pour m’en parler, & aprés m’avoir remontré avec beaucoup de douceur, qu’elle me croyoit trop ſage pour conſentir jamais à la moindre faute, & trop reconnoiſſante auſſi, pour vouloir profiter du fol amour de ſon fils ; elle me pria de luy oſter ſi bien toute eſperance, qu’il quittaſt le deſſein où elle ſçavoit qu’il s’eſtoit embarqué.

Et ne ſoyez point faſchée, me