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les pirates du désert

Après une marche assez longue, on arriva sur le bord d’une rivière.

James s’arrêta et examina attentivement les arbres qui s’élevaient à cet endroit. L’un d’eux, plusieurs fois séculaire, étendait sur un vaste espace ses larges et épaisses ramures.

D’un bond, James s’élança sur une maîtresse branche et disparut dans le feuillage.

Son absence ne dura que quelques minutes. Quand il reparut, il laissait glisser devant lui, à travers les branches, une pirogue d’écorce à laquelle étaient attachées deux longues pagaies.

— Ah ça ! fit un des bandits, il y a donc des arbres qui produisent des pirogues !

— Comme tu voies, dit James en riant ; mais, pour cela, il faut avoir eu la précaution d’en cacher une dans les feuilles.

— Ainsi, cette pirogue ?…

— A été placée par moi dans cet arbre, il y a deux mois. Nous pourrons donc continuer notre voyage sans laisser la moindre trace.

La pirogue fut mise à l’eau, et James invita son prisonnier à y prendre place.

Une idée surgit dans l’esprit du jeune homme. En posant le pied dans l’embarcation, il donna, au moment de sauter, un violent coup de jarret, et, saisissant les pagaies, il rama si rapidement que, avant qu’ils fussent revenus de leur surprise, les bandits se trouvèrent séparés de leur prisonnier par une distance d’une vingtaine de mètres.

James, au comble de la fureur, arma son fusil, l’épaula et fit feu ; mais la balle, mal dirigée, alla ricocher sur la surface du fleuve, de l’autre côté de la pirogue.

— Feu ! cria-t-il à ses bandits.

Quatre détonations retentirent, mais aucune balle n’atteignit le fugitif, qui continua de pagayer nerveusement, aidé par le courant, dont la vitesse était extrême.