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le chef des hurons

ment à la rançon, je n’ai pas jugé à propos de mettre au cœur du père un désir de vengeance qui l’aurait fait se lancer sur notre piste avec toute sa troupe.

La logique de ce raisonnement frappa les bandits, qui se déclarèrent absolument satisfaits de la conduite de leur chef.

— Maintenant que vous m’avez bien compris et que vous approuvez la résolution que j’ai prise, il faut avoir pour le prisonnier les plus grands égards, afin de le conserver le plus longtemps possible, car nous n’obtiendrons une rançon qu’en le rendant à son père, sain et sauf.

— Comment feras-tu parvenir ta proposition au colonel, demanda Péters, le lieutenant de bande, Allemand à la figure cruelle.

— Ce sera bien simple : nous laisserons notre piste nettement marquée jusqu’à la rivière des Cèdres, afin que ceux qui nous poursuivront viennent d’eux-mêmes nous retrouver. Mais à partir du bord du fleuve, nous ne laisserons aucune trace derrière nous. De la sorte, si les poursuivants sont trop nombreux, nous les laisserons se livrer à leurs conjectures. Si, au contraire, ils ne sont que quelques-uns, je leur ferai une visite afin de m’expliquer avec eux.

— Comment le sauras-tu ?

— Tu resteras ici avec un de nos hommes, et dès que tu apprendras quelque chose, tu viendras me prévenir.

— Où ?

— À la caverne du jaguar : ce n’est qu’à quelques heures d’ici.

— C’est entendu. Tu peux compter sur moi.

— Qui garderas-tu près de toi ?

— Fritz. C’est un compatriote avec qui, tu le sais, je m’entends à merveille.

— Bien, Maintenant, camarades, préparez le déjeuner. Dans une heure nous nous remettrons en route.

Les bandits s’accroupirent à terre, tirèrent de leurs bissacs