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le chef des hurons

entravés ; mais ils n’avaient pas fait vingt pas sous le couvert, qu’ils s’arrêtaient terrifiés.

La forêt était en feu.

— Longeons la lisière avant que les flammes aient envahi toute la forêt, dit James.

En deux heures, ils eurent contourné la droite de cette immense fournaise où les arbres se tordaient en crépitant et tombaient avec des craquements sinistres.

La nuit était complètement venue ; aussi n’y avait-il aucune poursuite à craindre.

Le vent d’ouest, en chassant les flammes dans la direction de la plaine, leur laissait toute sécurité.

Le feu devait bientôt s’éteindre faute d’aliments.

Il était près de minuit lorsque les bandits firent halte pour se reposer une heure ou deux.

Avant de se remettre en marche, James renouvela sa menace à son prisonnier, menace bien inutile, car le jeune homme n’avait plus de volonté.

Le premier moment de surexcitation passé, sa jeunesse avait repris toute sa timidité. De plus, la fatigue physique occasionnée par la longue marche qu’il venait de faire avait fortement influé sur ses facultés mentales ; de sorte qu’il se trouvait dans un état voisin de l’hébétement. Cette course nocturne au milieu de bandits sans foi ni loi, le remplissait de terreur.

— Que sont ces hommes et que me veulent-ils ? se demandait-il continuellement.

Ce qu’ils étaient ? deux visages patibulaires le lui disaient assez ; mais quant à ce qu’ils lui voulaient, c’était autre chose : il ne trouvait aucune réponse à cette question.

Au lever du soleil, James fit camper sa troupe dans une de ces nombreuses grottes que l’on rencontre à travers les déserts américains.

Louis se laissa tomber sur le sol, et, vaincu par la fatigue, s’endormit profondément.