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hécatombe de sauvages

— Ma foi ! vous me causez un réel plaisir, car je n’aurais pas osé vous le demander.

— Mon frère aurait eu tort. Depuis le jour où il m’a sauvé la vie, nous n’avons plus qu’un cœur pour nous deux ; Taréas ne peut donc le sentir battre qu’en restant près de son ami.

— Si nous n’avons plus qu’un cœur, on peut dire que c’est dans votre poitrine qu’il bat, car, de ma vie, je n’ai rencontré ami plus fidèle et guerrier plus brave que vous !

À ce compliment, le chef tressaillit de plaisir et d’orgueil.

— Mais, intervint le colonel, que ferai-je pendant votre absence ?

— Votre présence ici est-elle encore nécessaire ?

— Non. Grâce à la leçon qu’ils ont reçue, les Indiens ne reviendront pas de sitôt.

— Retournez donc à Québec avec vos soldats, en emmenant votre fille ; si j’avais besoin de vous, je vous ferais prévenir.

— Par qui ?

— Par Taréas. Pourvu qu’un de nous reste sur la piste, ce sera suffisant.

— N’oubliez pas que, si ces misérables exigent une rançon, je vous autorise à traiter en mon nom. Tout ce que vous promettrez sera scrupuleusement tenu.

— Bon ! bon ! dit le chasseur d’une voix goguenarde ; ces bandits ne tiennent pas encore votre argent.

Le lendemain, au moment où l’aube blanchissait les cieux, les Hurons, à qui Taréas avait donné ses instructions, quittaient la Mission pour retourner à leur village.

Une heure après, les soldats descendaient dans la plaine et se dirigeaient, tambours battant, vers Québec.

Le colonel et sa fille se tenaient, à cheval, en tête de la colonne.


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