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le chef des hurons

— Alors, vous allez vous mettre à la recherche de ces bandits ?

— Oui, mais pas aujourd’hui.

— Pourquoi ce retard ?

— Parce que, en partant maintenant, je risquerais de les rattraper.

— Je ne vous comprends pas du tout.

— C’est pourtant bien simple. De deux choses l’une : ou je les rejoindrai ou ils m’échapperont. Or, si je les rejoins seul, que pourrai-je faire ?

— Rien, évidemment ; mais qui vous empêche d’emmener des forces suffisantes ?

— Dans ce dernier cas, en se voyant pris, les pirates nous jetterons dans les bras le cadavre de votre fils.

— Oh ! mon Dieu ! que faire ?

— Je vous l’ai dit : attendre et avoir confiance en moi. Demain, au point du jour, je me mettrai sur la piste des ravisseurs, car avec des gens de cette sorte, la ruse vaut mieux que la force.

— Et vous partirez seul ?

— Absolument.

Le chef huron, qui avait écouté avec beaucoup d’attention cette conversation, posa une main sur l’épaule du chasseur en disant d’une voix gutturale :

— Mon frère n’a donc plus confiance en son ami ?

— Pourquoi cette question ?

— Parce que mon frère compte partir seul.

— Eh quoi ! vous consentiriez à m’accompagner ?

— Mon frère en a-t-il donc douté ?

— Nullement, chef, mais je pensais que votre présence parmi vos guerriers était nécessaire.

— Bon ! S’il n’y a que cette raison, que mon frère se rassure.

— Ainsi, vous m’accompagnerez ?

— Pour suivre une piste, il vaut mieux être deux qu’un.