Page:Ville - Le chef des Hurons, 1900.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
le chef des hurons

Le colonel se pencha sur sa fille et lui mit au front un tendre baiser.

Soudain, Marthe de Vorcel tressaillit.

— Mon frère ?… interrogea-t-elle.

— Voyons, mon enfant, lui dit doucement le colonel, rassemble tes souvenirs et raconte-moi ce qui s’est passé.

La jeune fille sembla réfléchir profondément pendant deux ou trois minutes, puis une expression d’effroi se peignit sur ses traits et elle cacha son visage dans ses mains en frissonnant.

— Oh ! murmura-t-elle, c’est affreux ?

— Que veux-tu dire ! fit le colonel dont l’anxiété allait croissant.

Marthe de Vorcel fit un violent effort pour dominer sa terreur et donna enfin cette courte explication :

— Au plus fort du combat, lorsque vous descendîtes dans la plaine, mon frère et moi nous rendîmes aux retranchements, afin de vous suivre des yeux le plus longtemps possible. Tout à coup, une dizaine d’hommes surgirent autour de nous et nous enlevèrent avant que nous eûmes le temps d’appeler à notre secours. Que se passa-t-il ensuite ? Je l’ignore, car j’avais perdu connaissance.

— Et c’est tout ce que tu sais ?

— Oui, mon père.

— Je crois pouvoir vous expliquer le reste, dit Sans-Peur, qui avait écouté attentivement le récit de la jeune fille.

— Vous ? dit le colonel.

— Oui ; mais un mot, d’abord.

Se tournant vers Taréas, il demanda :

— Où avez-vous trouvé Mlle Marthe ?

— Dans la plaine, au pied de la colline.

— C’est bien cela.

— Que voulez-vous dire ? lui demanda le colonel avec une nuance d’impatience.

— Je veux dire que vos enfants ont été enlevés par les pirates que j’ai vus dans le camp des Peaux-Rouges.