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hécatombe de sauvages

rieur, qu’il sentit son cœur se serrer sous le coup d’une vague appréhension.

La hutte était vide.

Son angoisse fut si forte, qu’il ne put réprimer un cri, qui fit aussitôt accourir Sans-Peur.

— Qu’avez-vous donc, mon colonel ? lui demanda le chasseur en voyant la pâleur qui couvrait son visage.

— Mes enfants, que j’ai laissés ici, que sont-ils devenus ? répondit M. de Vorcel d’une voix altérée.

— Ils vous cherchent sans doute, car leur inquiétude a dû être grande.

En ce moment, on entendit des cris et des pas précipités et plusieurs Indiens hurons s’approchèrent : l’un d’eux portait une femme dans ses bras.

À cette vue, le colonel chancela ; mais, se raidissant contre son émotion, il courut au-devant des Indiens et s’approcha vivement de Taréas, qui rapportait la pauvre Marthe.

— Ma fille ! s’écria le colonel, en proie à un violent désespoir ; elle est morte !

La jeune fille était d’une pâleur livide ; ses yeux étaient fermés et ses longs cheveux, dénoués, traînaient à terre ; en un mot, elle ne donnait plus signe de vie, aussi la douloureuse exclamation du pauvre père fit-elle baisser tristement la tête à tous ceux qui l’entouraient.

— Que mon frère se rassure, dit Taréas, la vierge pâle n’est qu’évanouie.

Ces paroles, prononcées d’une voix grave, firent rentrer l’espoir dans les cœurs.

Taréas suivit le colonel dans sa hutte, où la jeune fille fut déposée sur son lit, et deux femmes indiennes lui donnèrent des soins qui la rappelèrent bientôt à la vie.

En apercevant son père, qui épiait anxieusement ses moindres mouvements, elle lui tendit les bras en souriant.