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hécatombe de sauvages

nombreuse troupe de soldats barrait la plaine entre la colline et la forêt.

À un commandement, les fusils s’abaissèrent et un vent de mort passa sur la plaine ; puis, les soldats ouvrirent leurs rangs et quatre pièces de canon tonnèrent.

Pris ainsi entre deux feux et ignorant le nombre de leurs nouveaux ennemis, les Peaux-Rouges voulurent fuir ; mais un détachement aussi fort que le premier leur coupa la retraite, à droite.

La forêt, seule, pouvait leur offrir un refuge. Ils s’y précipitèrent en tumulte, sous une pluie de fer et de plomb, mais ils n’eurent pas plutôt franchi la lisière du couvert, qu’ils reculèrent épouvantés.

La forêt était en feu.

Les tambours battirent la charge et les deux détachements de soldats s’élancèrent à la baïonnette, tandis que les cavaliers du capitaine Verdier, en tête desquels s’était placé le colonel, descendaient la colline comme un tourbillon.

Alors commença une mêlée à laquelle il serait impossible de donner un nom.

Les Indiens, entourés, cernés de toutes parts, ne songèrent pas un instant à implorer la clémence de leurs ennemis qui, aidés par Taréas et ses Hurons, les massacraient impitoyablement.

Cependant, tout en combattant, deux hommes se cherchaient : M. de Vorcel et Niocébah. Le premier, pour châtier le meurtrier de sa femme ; le second, pour venger l’injure sanglante qu’il avait reçue.

Tout à coup, le colonel aperçut son ennemi qui, monté sur un magnifique coursier, se battait en désespéré.

Il poussa un rugissement de tigre et fit bondir son cheval.

En l’apercevant, le chef iroquois eut un rire de démon et se précipita sur lui, la hache au poing, mais le colonel fit voleter son cheval et se jeta de côté ; puis, revenant à son ennemi, il lui fendit le crâne d’un coup de sabre.