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le chef des hurons

— Mais ne vous l’ai-je pas dit ?

— Je vous avoue qu’il me répugne de les tuer ainsi.

— Soit ; mais je vous préviens que cette mansuétude indisposera fort les Canadiens qui sont ici et dont le dévouement se refroidirait singulièrement si vous laissiez partir ces misérables, car il est impossible qu’ils restent au milieu de nous, ils doivent donc expier leurs crimes ou se retirer sains et saufs.

— Faites ce que vous voudrez, dit brusquement le colonel en s’éloignant rapidement pour ne pas assister à cette exécution que, malgré lui, il ne pouvait s’empêcher de trouver juste.

En moins de dix minutes, les pirates furent pendus à quelques-uns des arbres qui ombrageaient la colline. Après s’être tordus comme des vers, pendant quelques instants, une convulsion suprême les secoua, puis ils demeurèrent immobiles.

— Justice est faite, dit tranquillement Sans-Peur.

Le Père Florentin, prévenu par le colonel, accourut et força le brave chasseur à décrocher ses pendus, opération qu’il ne fit qu’en rechignant, tant il éprouvait de plaisir à voir se balancer au bout de leurs cordes ces pirates souillés de crimes.

Sur l’ordre du religieux, une fosse fut creusée en dehors du retranchements et on y coucha les suppliciés, pour lesquels il demanda à Dieu un pardon qu’ils n’avaient pu obtenir des hommes.

On combla la fosse et tout fut dit.

La prairie comptait cinq bandits de moins.

Deux jours s’écoulèrent sans que les Indiens donnassent signe de vie.

Taréas, consulté par le colonel, avait expliqué ce silence de la manière suivante :

— Nos ennemis n’étaient pas au complet lorsqu’ils nous ont attaqués. Ils attendent, pour recommencer, que toutes les tribus soient arrivées.