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LE CHEF DES HURONS

à l’endroit où les eaux denses du Saint-Laurent se rencontrent avec les eaux salées du golfe.

Ce passage, redouté des marins, est hérissé de roches qui rendent la navigation extrêmement périlleuse, et encore ne s’y risquent-ils qu’à la marée haute, car, étant donné le peu de profondeur du fleuve à cet endroit, les plus petits navires n’oseraient passer dans le goulet à la marée basse, même en se servant de la sonde.

Le jour où commence cette histoire, c’est-à-dire le 30 juin 1756, vers cinq heures du soir, un homme se tenait debout, à une portée de fusil du cap Tourments ; les mains croisées sur le haut du canon de sa carabine, les yeux fixés sur le sol, il semblait réfléchir profondément.

Cet homme paraissait âgé de vingt-cinq ans environ ; sa taille haute et bien prise dénotait une force musculaire peu commune ; son visage, bronzé par le soleil et les intempéries, et éclairé par des yeux d’un bleu sombre, était orné d’une courte barbe blonde, et une épaisse chevelure rousse s’échappait de son bonnet de peau de castor. Son costume, fait de peaux de daim, était celui des chasseurs canadiens.