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le chef des hurons

— Ainsi, vous ne venez que dans le but de me rendre service ?

— Mon Dieu ! oui. Au désert, les blancs ne se doivent-ils pas aide et protection contre les sauvages ?

— Ces sentiments vous honorent, messieurs ; mais comment pourrai-je vous remercier ?

— En nous laissant combattre dans vos rangs.

— Mon colonel, dit Sans-Peur d’un ton goguenard, je crois que ces braves gens méritent une autre récompense.

— Que voulez-vous dire ? fit un des bandits en fronçant les sourcils.

— Vous allez le savoir, dit le chasseur en faisant un signe à ceux qui l’entouraient.

En un clin d’œil, les pirates furent désarmés, jetés sur le sol et garrottés.

— C’est une infamie ! hurlaient-ils en se tordant désespérément dans leurs liens.

— Vraiment, messieurs, leur dit Sans-Peur d’un ton narquois, vous n’êtes pas beaux joueurs ! Quand on perd une partie, on doit en subir philosophiquement toutes les conséquences… Ainsi, vous, John, ajouta-t-il en regardant fixement un des bandits, vous auriez bien dû penser que les blancs ne sont pas aussi faciles à tromper que ces brutes de Peaux-Rouges.

En entendant prononcer son nom, le bandit avait pâli ; mais, se remettant promptement, ce fut d’une voix assez calme qu’il répondit :

— Je ne sais pourquoi vous m’appelez John : mon nom est Richard Sander.

— C’est étrange, fit Sans-Peur en prenant un air naïf ; j’aurai juré que vous étiez un certain John condamné à mort à la Louisiane, l’année dernière, et qui, je ne sais comment, est parvenu à s’évader la veille du jour fixé pour l’exécution.

Le bandit ricana.

— Allons, dit-il, vous êtes plus fort que moi !