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hécatombe de sauvages

Niocébah se leva, et, prenant la main du pirate :

— Mon frère est jeune, dit-il, mais sa sagesse est grande ; les sachems acceptent sa proposition.

— Bien, dit le pirate en allant rejoindre ses compagnons, à qui il fit part de son projet.

Quelques minutes après, il s’enfonçait dans la forêt, accompagné de quatre bandits.

Son intention était de tourner la colline et d’arriver à la mission par le versant opposé, afin de n’inspirer aucun soupçon.

Malheureusement pour les pirates, Sans-Peur les connaissait de longue date ; de plus, il avait constaté leur présence parmi les Peaux-Rouges ; aussi, dès qu’il les aperçut dans la plaine, courut-il vers le colonel à qui il dit quelques mots à voix basse.

M. de Vorcel fit une grimace de désapprobation.

— Croyez-moi, insista le chasseur, avec ces gens-là, les demi-mesures sont toujours mauvaises.

— Agissez donc à votre guise.

Sans-Peur s’éloigna en se frottant les mains, signe d’une extrême satisfaction.

Sur l’ordre du colonel, les sentinelles laissèrent sans difficulté approcher les pirates, qui sur l’invitation du capitaine Verdier, escaladèrent immédiatement les retranchements.

Le colonel, entouré d’une vingtaine de Canadiens, se tenait à peu de distance.

— Que désirez-vous, messieurs ? leur demanda en souriant le capitaine.

— Voir le colonel, répondit un des pirates.

— C’est moi, dit M. de Vorcel en s’avançant.

— Mon colonel, dit un des bandits, nous avons appris ce matin que vous avez eu maille à partir avec des Peaux-Rouges, et, ma foi, nous avons pensé que vous seriez peut-être enchanté d’augmenter votre troupe de cinq fusils qui ne manquent jamais leur homme.