une offrande agréable au Wacondah, surtout lorsqu’il est blanc. J’ai dit.
Après avoir prononcé ces paroles d’une voix tranchante, le chef s’assit et attendit une réponse.
— Chef, lui dit alors Sans-Peur, vous radotez comme une vieille femme bavarde, et vos rodomontades sont ridicules. Puisque la leçon que vous avez reçue hier n’a pas été aussi profitable que nous l’espérions, soyez certain que, à la prochaine occasion, nous doublerons la dose ; et pour bien vous prouver le cas que nous faisons de vos menaces, si votre qualité de parlementaire ne vous faisait pas sacré pour nous, je vous reconduirais jusqu’au bas de la colline, à coups de fouet, comme un chien galeux. Maintenant que vous êtes fixé, vous pouvez aller rejoindre vos dignes acolytes. À mon tour, j’ai dit.
Niocébah se leva d’un bond et porta la main à son couteau à scalper ; mais par un effort de volonté surhumain, il reprit toute son impassibilité et fit un pas pour se retirer.
D’un geste, le colonel l’arrêta.
— À mon tour de varier, dit-il froidement.
Niocébah fixa sur lui un regard empreint de tant de haine implacable qu’il tressaillit malgré lui.
— Chef, dit-il, sans savoir qui vous étiez, je vous ai fait, dans un moment de vivacité, une injure grave, dont je vous aurais rendu raison si vous me l’aviez demandé ; peut-être même vous eussé-je fait des excuses, car il n’y a pas de honte à reconnaître ses torts. Mais vous avez préféré vous venger par un odieux assassinat. Or, écoutez bien ceci : nul ne peut prévoir les résultats des combats qui vont avoir lieu, mais quels qu’ils soient, un de nous deux mourra, je vous le jure ! Maintenant, vous pouvez vous retirer.
Niocébah haussa dédaigneusement les épaules et se dirigea vers la barrière qui formait les retranchements et qui fut ouverte pour lui livrer passage.
Il descendit tranquillement la colline ; mais dès qu’il eût