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LE CHEF DES HURONS

avec eux ; ils viennent en parlementaires, il faut les recevoir avec courtoisie, bien que l’entrevue qu’ils désirent ne soit qu’un prétexte pour s’introduire dans la Mission. Faites donc allumer un feu, car les Peaux-Rouges ne discutent qu’autour d’un foyer.

— Hum ! est-ce bien prudent de les laisser entrer ici ?

— Vous ne pouvez faire autrement. Mais si voulez bien me le permettre, je mènerai seul cette affaire, car mieux que vous je suis au fait des diableries Indiennes.

— Faites donc, mon ami, dit en souriant le colonel ; vous savez que j’ai en vous la plus entière confiance.

— Merci, mon colonel, et pardonnez-moi de vous avoir donné ces conseils, mais ils étaient nécessaires pour la sûreté commune.

Les trois Indiens étaient parvenus au pied de la colline et s’étaient arrêtés. L’un d’eux, qui n’était autre que Niocébah, agita sa robe de bison.

En voyant le meurtrier de la comtesse, M. de Vorcel porta rapidement la main à ses pistolets ; mais Sans-Peur lui saisit le bras en disant :

— Qu’allez-vous faire ?

— Vous avez raison ; je dois songer à ceux qui m’entourent et ne pas risquer de les perdre en me laissant aller à ma juste colère.

Sans-Peur descendit la pente de la colline et s’arrêta à dix pas des trois Peaux-Rouges.

— Que désirez-vous ? demanda-t-il brutalement à Niocébah.

— Causer avec le chef des guerriers blancs, répondit l’Indien d’un ton glacial.

— Bien que vous ayez fait le signe de paix, je dois vous prévenir qu’au moindre geste suspect, je vous tuerai comme un chien. Maintenant, suivez-moi.

Le chef ne releva pas cette insulte. Sautant à bas de son cheval, il jeta les rênes à un des deux guerriers qui l’accompagnaient et suivit le chasseur qui, déjà, remontait à la Mission.