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LE CHEF DES HURONS

leurs coutumes nous sont connues, ils pensent que, en plein jour, nous les surveillerons moins activement.

— C’est assez bien imaginé.

— Oui, pas mal ; mais, malheureusement pour eux, nous sommes prévenus. Maintenant, voulez-vous connaître le nom du chef qui est à la tête des Indiens !

— Dites.

— Niocébah !

Le colonel ne put réprimer un frisson.

L’homme dont il s’était fait un ennemi mortel allait certainement lui faire une guerre terrible et sans merci.

Le chef, lui, sourit d’un air sinistre.

— Niocébah est un chien ! dit-il ; Taréas prendra sa chevelure !

— En attendant, dit Sans-Peur, il s’apprête à prendre les nôtres. Mais, ajouta-t-il d’un air soucieux, il est une chose qui m’étonne.

— Laquelle, mon ami ? demanda le colonel.

— À quelques pas des chefs, j’ai aperçu un groupe formé par une vingtaine de blancs. Nous ferons bien de nous méfier, car ces gens-là pourraient fort bien tenter de s’introduire parmi nous pour nous espionner.

— Ils n’entreront pas ici sans être vus.

— C’est vrai ; mais ils pourraient se présenter à vous pour se faire engager.

— Quant à cela, vous pouvez être tranquille. Quoique je ne sois pas comme vous au fait des coutumes de la guerre indienne, je ne serais pas assez imprudent pour accepter ainsi le premier venu.

— N’en acceptez aucun, quel qu’il soit.

— Je vous le promets.

— Bien. Maintenant, je vais aller me reposer un peu.

Sans-Peur souhaita le bonsoir au colonel et se dirigea vers sa hutte.

Taréas ne tarda pas d’en faire autant, et M. de Vorcel resta seul, livré à ses pensées.