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L’ATTAQUE DE LA MISSION

En ce moment, un homme sauta par-dessus le retranchement, à quelques pas du colonel.

— Qu’est-ce que cela ? s’écria ce dernier en armant un pistolet.

— Ne tirez pas, dit vivement l’inconnu, vous tueriez un ami.

— Sans-Peur ! fit le colonel avec étonnement.

— Lui-même, mon colonel.

— D’où venez-vous donc ainsi ?

— De la forêt. Je tenais à savoir ce qui s’y passait.

— Vous êtes un hardi compagnon !… Vous aventurer ainsi au milieu de ces démons !

— Eh ! eh ! mon idée n’était pas trop mauvaise.

— Avez-vous donc appris quelque chose ?

— Sans cela, serais-je de retour ?

— Ce que vous avez à me dire est grave, alors ?

— Vous allez en juger, car le chef est assez notre ami pour que nous n’ayons pas de secrets pour lui.

Le chef sourit avec satisfaction.

— Parlez donc, dit le colonel.

Voilà l’affaire. En quittant le camp, il y a deux jours, je me suis dirigé vers la forêt, mais bientôt j’ai dû sauter dans un arbre pour n’être pas vu, car les Peaux-Rouges couraient en tous sens comme une légion de diables. Tout en me promenant d’arbre en arbre pour me rendre compte de leur nombre, j’arrive au-dessus d’un feu autour duquel une dizaine de chefs étaient réunis en conseil.

— Et vous avez pu entendre ce qu’ils disaient ?

— Distinctement. Mais je ne vous répéterai pas tout ce que j’ai entendu, car ce serait aussi long qu’inutile. Je me bornerai à vous dire que nous serons attaqués demain, vers midi.

— Habituellement, les Indiens ne tentent de surprise que la nuit, il me semble.

— Votre réflexion est extrêmement juste, mais, pour cette fois, ils dérogeront à leurs habitudes. En raison même de ce que