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L’ATTAQUE DE LA MISSION

chevaux, égorgés par les Hurons, s’enfuirent bientôt dans toutes les directions, laissant derrière eux de longues traînées de sang.

Le capitaine s’approcha alors du chef de Hurons, qui n’était autre que Taréas.

— Merci, chef, dit-il en lui tendant la main, vous êtes un ami aussi fidèle que brave.

— Le guerrier blanc me connaît donc ? fit Taréas.

— Quel est donc, au Canada, le Français qui ne connaît pas le brava Taréas ?

— Les lèvres de mon frère distillent le miel, fit le chef en souriant, flatté de ces louangeuses paroles.

— Pas du tout : je dis la vérité.

Aussitôt le combat terminé, les Hurons, fidèles à leur coutume, s’étaient précipités, le couteau au poing, sur les cadavres de leurs ennemis et les avaient scalpés, avec une dextérité incroyable. On eût dit une volée de vautours s’abattant sur ce champ de carnage.

Le capitaine détourna la tête pour ne pas voir ce hideux spectacle, mais il se garda bien de rien laisser paraître du dégoût qu’il éprouvait, car les Hurons en eussent été très froissés.

Lorsqu’ils eurent attaché à leur ceinture ces sanglants trophées, ils se dirigèrent, avec les cavaliers vers la Mission où ils furent reçus avec les marques de la plus vive sympathie.

M. de Vorcel, surtout, leur adressa de sincères félicitations, du reste méritées, car ils avaient certainement décidé du résultat de la bataille.

Taréas, qui n’avait perdu que peu de guerriers dans le sanglant combat qu’il venait de livrer, était accompagné de près de deux cents Hurons, secours d’une valeur inestimable pour le colonel, qui ne se dissimulait pas ce que sa position avait de critique.

Le combat lui avait coûté cinquante hommes tués ou blessés, chiffre relativement minime comparé aux pertes subies par les assaillants, dont les cadavres jonchaient la plaine et les pentes de la colline.