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le chef des hurons

— Je connais les Peaux-Rouges, et quelle que soit leur finesse, je me charge de leur glisser entre les doigts.

Sans-Peur examina avec soin les amorces de sa carabine et de ses pistolets, s’assura que son couteau jouait bien dans sa gaine et s’engagea immédiatement sur la pente ouest de la colline.

Le colonel le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il eut disparu dans les hautes herbes qui couvraient la plaine au loin.

— Brave garçon ! murmura-t-il ; pourvu qu’il revienne sain et sauf.

L’absence du chasseur dura deux heures. Lorsqu’il revint, il se rendit rapidement près du colonel, qui causait avec le Père Florentin.

— Alerte, mon colonel ! lui dit-il vivement.

— Que se passe-t-il donc ?

Sans-Peur désigna successivement l’ouest et l’est.

— Regardez, dit-il simplement.

— Je ne vois que les hautes herbes.

— Ne remarquez-vous pas qu’elles oscillent dans tous les sens.

— C’est vrai, mais je ne vois pas…

— Ces oscillations sont produites par les Indiens, qui s’avancent, en rampant.

— Vous en êtes sûr ! s’écria le colonel en tressaillant malgré lui.

— Autant qu’on peut l’être quand on les a vus de près.

— Combien sont-ils ?

— En tout, environ quinze cents.

— Tant que cela ?

— Peut-être plus.

— Bien. Rappelez les chasseurs qui forment les postes avancés.

Sans-Peur ne s’était pas trompé ; les Indiens s’avançaient, en effet, mais plus nombreux qu’il l’avait supposé.

Le soleil venait de disparaître à l’horizon et une teinte crépusculaire s’étendait sur le désert.