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LE CHEF DES HURONS

— Qu’il vienne avec nous, certainement. Cette expédition ne pourra que lui être profitable sous tous les rapports.

Le colonel hocha la tête.

— Ce que vous voulez faire là est une folie ! dit-il au chasseur ; cet enfant est incapable de supporter les fatigues d’une longue marche.

— Monte-t-il à cheval ?

— Admirablement.

— Alors, voyageons à cheval.

— Ne m’avez-vous pas dit que cette manière de voyager allongerait la route ?

— Oui, mais le retard de quelques heures que nous subirons sera compensé par le plaisir que ce brave jeune homme éprouvera, puisque, en venant avec nous, il pourra embrasser sa sœur quelques jours plus tôt.

— Qu’il soit donc fait ainsi que vous le désirez, dit le colonel avec un soupir.

— Permettez, mon colonel, je ne désire rien : M. Louis demande à nous accompagner, j’essaie de vous prouver qu’il le peut, voilà tout.

— Merci, dit Louis de Vorcel en tendant la main au chasseur. Ainsi donc, ajouta-t-il en s’adressant au colonel, vous permettez, mon père ?

— Il le faut bien, dit M. de Vorcel d’un ton bourru, vous êtes deux contre moi.

Le jeune homme se jeta avec joie dans les bras de son père et courut vers le fort, afin de faire préparer son cheval.

M. de Vorcel le suivit un instant du regard, en proie à une anxiété indéfinissable. Un moment il fut sur le point de le rappeler pour lui ordonner de rester, mais la vue des Canadiens, qui se tenaient immobiles, attendant ses ordres, le rassura complètement. Les loyales physionomies de ces hommes étaient empreintes de tant d’énergie, qu’il lui sembla qu’avec eux aucun danger ne pouvait être à redouter.

Il se rendit alors au fort, pour donner l’ordre de seller les chevaux.