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LE CHEF DES HURONS

— Allez donc, et revenez vite, dit M. de Montcalm en tendant la main au colonel.

M. de Vorcel se rendit immédiatement au campement des chasseurs canadiens, installé en dehors du fort, afin de s’entendre avec Sans-Peur.

Ce dernier, étendu sur l’herbe, fumait philosophiquement sa pipe.

En apercevant le colonel, il se leva vivement.

— Mon ami, lui dit M. de Vorcel, j’ai un service à vous demander.

— Parlez, mon colonel ; si cela dépend de moi, c’est accordé d’avance.

— Je voudrais que vous consentissiez à me conduire à la Mission.

— Je suis à vos ordres, mon colonel.

— Bien. Je vais prévenir les hommes qui nous escorteront.

— Sont-ce des soldats ?

— Oui. Y verriez-vous quelque inconvénient ?

— J’en vois plusieurs.

— Pouvez-vous me les faire connaître ?

— Certainement, et je suis sûr que vous serez de mon avis.

— Parlez donc, je vous écoute ; mais soyez aussi bref que possible, car j’ai hâte de me mettre en route.

— D’abord, vos soldats sont harassés de fatigue et, par conséquent, nous retarderont beaucoup, car les chemins sont mauvais ; ensuite, ils n’entendent rien à la vie du désert, de sorte que, en cas d’attaque, ils ne nous seront pas d’un grand secours, malgré leur bravoure incontestable.

— Que faire, alors ?

— Emmener des chasseurs.

— Mais vous me parliez tout à l’heure de la fatigue de mes soldats ; les chasseurs ont, il me semble, combattu comme eux.

— C’est vrai, mais ils sont plus robustes.

— Ce que vous dites là est très possible.

— Du reste, vous aller en juger.