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LE CHEF DES HURONS

Les chefs des deux partis entamèrent des pourparlers qui aboutirent le jour même.

Les Anglais s’engageaient à mettre bas les armes et à évacuer les forts, le lendemain matin, pour être internés comme prisonniers de guerre.

M. de Montcalm dut alors songer à assurer la sécurité des Anglais. En conséquence, il chargea Taréas d’une mission qui le força à s’éloigner avec ses guerriers.

Cette précaution était indispensable, les Indiens ne connaissant qu’une chose : scalper les vaincus.

Il était parfois plus facile de s’emparer d’une place forte que de faire respecter les clauses d’un traité de paix par les Peaux-Rouges alliés aux deux armées ennemies, car les Indiens n’entendent rien à la magnanimité.

Quand il y avait des sauvages des deux côtés, aussitôt qu’ils s’apercevaient, ils se ruaient les uns contre les autres pour satisfaire leur haine de nation à nation.

Cette fois, les Anglais n’avaient pas de Peaux-Rouges dans leurs rangs, aussi, M. de Montcalm jugea-t-il prudent d’éloigner momentanément ses Hurons, qui, n’entendant rien aux usages de la guerre européenne, n’auraient pas manqué, à défaut d’Iroquois à attaquer, de se jeter sur les Anglais au moment de l’évacuation des forts.

Le lendemain, ainsi que cela était convenu, les Anglais quittèrent les forts et furent conduits à la Louisiane sous bonne escorte.

On avait fait seize cents prisonniers et pris cent treize bouches à feu, d’immenses approvisionnements d’armes, de munitions et de vivres ; plus deux cents bateaux de transports et cinq bâtiments de guerre mouillés dans la rivière.

Cette glorieuse bataille nous avait coûté cent trente hommes tués ou blessés.

M. de Montcalm fit détruire les fortifications des trois forts, puis il retourna à Carillon, où il s’occupa activement de terminer les travaux de défense de cette forteresse.

Il était à peine installé dans son appartement, que M. de Vorcel se faisait annoncer.