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LE CHEF DES HURONS

— De quelle manière ?

— J’ai découvert un gué entre le fort Oswego et le fort Ontario ; seulement, les hommes auront de l’eau jusqu’au cou.

— Alors, ils passeront.

La marche continua ; mais bientôt M. de Montcalm laissa le commandement de la colonne à M. de Vorcel, et, devançant l’armée, il se dirigea, accompagné de Sans-Peur, vers le fort Carillon où les troupes devaient le rejoindre.

Pour l’intelligence des faits qui vont suivre, nous devons faire connaître le plan de campagne que le général avait arrêté avant de quitter Québec.

Il avait résolu, étant donnée la faiblesse numérique de ses troupes, de se tenir sur la défensive et de tenter de surprendre le fort de Chouegen, que l’on appelait aussi fort Oswego.

Il avait aussitôt ordonné la formation d’un camp à Carillon pour observer et arrêter au besoin l’armée anglaise, qui devait sortir du fort Edouard et s’avancer par le lac Champlain.

Après s’être assuré que ses ordres avaient été exécutés, M. de Montcalm, pour tromper l’ennemi, laissa le chevalier de Lévis à Carillon avec trois mille hommes, pour tenir tête au comte de London qui s’avançait avec huit mille hommes ; puis il se dirigea sur Frontenac.

M. de Lévis forma aussitôt plusieurs détachements chargés de harceler l’ennemi.

Les Anglais ne purent bientôt plus faire un pas sans avoir les Français sur leurs talons. Grâce à ce stratagème, ils furent persuadés que l’armée française était cantonnée à Québec et au fort Carillon.

Pendant que M. de Lévis occupait ainsi les Anglais, M. de Montcalm arrivait à Frontenac avec ses troupes, d’où il repartait bientôt pour Chouegen. Par ses ordres, trois mille hommes avaient été réunis à Frontenac, spécialement chargés d’attaquer Chouegen.