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UNE VENGEANCE INDIENNE

— C’est indispensable, car elle n’est pas encore remise de la secousse nerveuse qu’elle a éprouvée

— C’est véritablement Dieu qui vous a envoyé sur sa route.

— Je le crois comme vous, car je me rendais à Québec pour faire divers achats, et je remettais ce voyage depuis plusieurs jours, lorsque je me suis décidé tout à coup. Mais, ce qu’il y a d’étrange, c’est que, après avoir fait arrêter les Indiens qui m’accompagnaient, afin qu’ils préparassent le repas du soir, je me suis écarté du campement, poussé par un besoin de solitude dont je ne me rendais pas compte. Après avoir erré sans but, mes regards furent attirés par une forme blanche étendue sur l’herbe à quelques pas de moi, et je constatai avec stupéfaction que c’était une femme privée de sentiments. Je la pris dans mes bras et l’emportai au campement, où elle ne tarda pas à rouvrir les yeux. Ma présence ayant paru la rassurer, je l’engageai à prendre un peu de repos, et je l’amenai ici le lendemain, pendant que quelques-uns de mes Indiens continuaient leur route vers Québec afin de se procurer les objets que je comptais acheter moi-même.

Sans-Peur et Taréas échangèrent un regard de satisfaction mêlé d’une pointe d’orgueil : leurs déductions avaient été justes.

Sans-Peur se leva ; ses compagnons l’imitèrent.

— Où allez-vous ? dit le Père Florentin.

— Nous retournons à Québec, dit le chasseur. M. de Vorcel doit être dans des transes mortelles.

— La nuit va bientôt venir, attendez à demain ; vous partirez au point du jour.

Le chasseur interrogea Taréas du regard…

— Le chef de la prière a raison, dit le Huron. Nous passerons la nuit ici.

— En attendant l’heure du souper, voulez-vous visiter la Mission ? dit le Père Florentin.

— Avec plaisir, répondit vivement le chasseur, que tout ce qu’il avait vu intriguait extrêmement.