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UNE VENGEANCE INDIENNE

guerriers de ma tribu ; mais, maintenant, je me nomme Pierre.

— Mon frère était un guerrier renommé ; j’ai même combattu contre lui.

— En changeant de nom, le Vautour-Noir a enterré la hache de guerre ; il n’a plus d’ennemis ; tous les hommes sont ses frères.

— Le Dieu du chef de la prière est donc bien puissant, pour changer ainsi un tigre en agneau ?

Le Peau-Rouge sourit sans répondre.

— Allons, Pierre, dit Sans-Peur, conduisez-nous près du Père Florentin.

— Que mes frères me suivent, dit l’ex-chef des Sioux.

Après avoir marché pendant près de dix minutes, l’Indien fit arrêter les visiteurs devant une hutte que rien ne distinguait des autres ; sauf une petite croix placée au-dessus de la porte.

— Que mes frères entrent, dit le guide en s’effaçant. Sans-Peur et ses compagnons pénétrèrent dans la hutte.

L’ameublement en était rustique, mais d’une propreté extrême, contrairement à ce que sont habituellement les intérieurs indiens.

Devant une table de chêne, un homme était assis lisant un bréviaire. C’était le Père Florentin.

Au bruit que firent les visiteurs en entrant, le missionnaire se leva et salua gracieusement.

— Soyez les bienvenus dans ma pauvre demeure, dit-il en indiquant, de la main, des escabeaux.

Les trois hommes saluèrent et s’assirent.

— Mon Père, dit le chasseur, nous sommes à la recherche d’une jeune fille qui, si je ne me trompe, se trouve en ce moment à la Mission.

Le Père Florentin fixa sur Sans-Peur un regard scrutateur.

— Monsieur, lui dit-il, j’ai en effet recueilli une jeune fille que j’ai trouvée évanouie dans le désert ; mais, bien que je ne mette point en doute la pureté de vos intentions, vous me per-