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LE CHEF DES HURONS

fort Sans-Peur, qui craignait que la fille du colonel ne fût tombée au pouvoir d’un de ces maraudeurs qui infestaient les bois ; aussi avançait-il rapidement afin d’éclaircir au plus vite ce mystère.

Après avoir ainsi constaté plusieurs haltes de l’inconnu, les trois hommes arrivèrent à une clairière où ils se trouvèrent fort embarrassés. La piste qu’ils avaient suivie jusque-là se mêlait brusquement à des traces nombreuses, parmi lesquelles ils distinguaient des pas de chevaux.

Il était midi. Le soleil à son zénith déversait sur le désert ses rayons enflammés. La chaleur était accablante. Sans-Peur proposa de se reposer une heure ou deux, proposition qui fut aussitôt acceptée par ses deux compagnons.

— Ooah ! fit soudain le chef en désignant un jeune daim qui gambadait joyeusement à une portée de pistolet de la clairière.

Sans-Peur arma son fusil, visa à peine et fit feu !

Le daim tomba, la tête fracassée par la balle du chasseur.

— Ma foi ! dit ce dernier en rechargeant son fusil, c’est Dieu qui nous l’a envoyé. Je commençais à mourir littéralement de faim.

Tandis que l’Épervier allait ramasser le daim, Sans-Peur et Taréas allumaient un feu avec des branches sèches.

En quelques minutes, le daim fut écorché et ses cuissots rôtirent devant le brasier.

Lorsque les trois compagnons eurent pris leur repas, c’est-à-dire mangé un des cuissots, dont Sans-Peur dévora à lui seul les trois quarts, l’Épervier enveloppa l’autre dans un morceau de la peau de l’animal, afin de pouvoir dîner le soir sans être obligé de faire du feu, ce qui eût pu attirer autour d’eux quelque parti de maraudeurs ou d’Iroquois.

Après avoir fumé silencieusement leur calumet, Sans-Peur et le chef huron commencèrent l’inspection de la clairière et des environs.

Ils constatèrent bientôt que la troupe qui avait fait halte dans la clairière s’était divisée en deux groupes, dont l’un s’était dirigé vers Québec, tandis que l’autre retournait au désert.