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UNE VENGEANCE INDIENNE

Le jour était venu et les traces apparaissaient nettement aussi avançaient-ils rapidement.

Après une demi-heure de marche, le chef, qui tenait la tête, poussa une exclamation d’étonnement.

— Qu’y a-t-il ? donc lui demanda Sans-Peur en accourant près de lui.

— Que mon frère regarde, dit le chef en désignant le sol devant lui.

Les pas de la jeune fille faisaient plusieurs zigzags et s’arrêtaient à un endroit où l’herbe était foulée sur une longueur de plus d’un mètre.

— Je comprends ce qui s’est passé, dit le Canadien : la jeune fille s’est sauvée affolée, marchant ou plutôt courant en droite ligne ; mais, en arrivant ici, les forces lui ont manqué, elle a chancelé un instant et est tombée évanouie.

— Le chef pense comme son ami, dit Taréas.

Pour ces deux hommes, le désert était un livre dans lequel ils lisaient couramment, comme on ne tardera pas à le voir.

Sans-Peur et Taréas examinèrent alors avec une grande attention les environs de l’endroit où la jeune fille était tombée, et relevèrent les traces d’une chaussure européenne.

— Un homme est venu ici, dit le chasseur, mais il ignorait la présence de la jeune fille, car sa piste fait un crochet à quelques pas : il l’a aperçue en passant, voilà tout. Maintenant, il s’agit de savoir ce qu’il en a fait.

En examinant les nouvelles traces, Sans-Peur constata que l’inconnu était retourné sur ses pas, en emportant Marthe de Vorcel, toujours évanouie, car s’il en avait été autrement, ses pas eussent laissé des traces, et il n’y en avait aucune.

À quelques centaines de mètres plus loin, les empreintes laissées sur le sol prouvaient que l’inconnu s’était arrêté pour se reposer, car on distinguait nettement la place où il avait déposé la jeune fille.

Cette chaussure européenne dont il suivait les traces inquiétait