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UNE VENGEANCE INDIENNE

Deux heures plus tard, la comtesse était descendue, par M. de Vorcel, dans une tombe creusée au milieu d’une des pelouses du jardin.

Lorsque la terre eut comblé la fosse, M. de Vorcel et son fils s’agenouillèrent et prièrent longuement.

Au coucher du soleil, tous deux étaient prêts à monter à cheval.

N’ayant avec eux qu’un seul domestique, ils ne pouvaient emporter aucun bagage. Les objets précieux et l’argenterie furent donc enterrés dans le jardin, en attendant que le colonel pût venir les reprendre quelques jours plus tard.

Pour bien montrer qu’il se vengeait, Niocébah, contrairement à ses habitudes, n’avait pas pillé la maison. Il s’était contenté d’en briser les meubles et d’en tuer les habitants, sauf le domestique qu’il avait chargé d’instruire M. de Vorcel, et le jeune Louis qu’il avait emmené comme otage en cas de poursuite.

Au moment de partir, le colonel recommanda une dernière fois sa fille à ses amis.

— Dès que vous aurez des nouvelles, prévenez-moi, leur dit-il.

— C’est entendu, répondit le chasseur ; aussitôt que nous aurons appris quelque chose de positif, un des guerriers de Taréas vous sera envoyé.

— Merci, mes amis, et au revoir.

Le colonel et son fils partirent au galop dans la direction de Québec.

— Maintenant, dit le chasseur à Taréas, en chasse !

Ils se firent indiquer par les guerriers la piste qu’ils avaient relevée et commencèrent la poursuite, marchant courbés vers le sol, examinant avec la plus minutieuse attention chaque empreinte, chaque brin d’herbe foulé.

Après avoir marché pendant plus d’une heure à travers une immense plaine, ils atteignirent les premiers contreforts d’une forêt. Là, le chef se concerta un instant avec Sans-Peur, puis il rassembla ses guerriers autour de lui.

— Je n’ai plus besoin de mes fils, dit-il, l’Épervier restera