Page:Ville - Le chef des Hurons, 1900.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
UNE VENGEANCE INDIENNE

— Si vous voulez me croire, mon colonel, dit-il au bout d’un instant, nous rendrons immédiatement les derniers devoirs à Mme de Vorcel, et vous retournerez à Québec, aujourd’hui même, avec votre fils, car Niocébah n’est pas homme à se contenter d’une demi-vengeance.

— Que lui faut-il donc de plus ?

— Votre vie, mon colonel.

— Ah ! qu’il vienne donc, le bandit ! s’écria M. de Vorcel avec un geste de fureur.

— Soyez tranquille, il reviendra ; mais il ne vous attaquera pas en face ; c’est pourquoi je vous engage vivement à quitter cette villa le plus tôt possible.

— Ne m’avez-vous pas dit qu’il est blessé.

— Si, mais les hommes de sa trempe ont la vie dure, et je suis certain qu’avant peu vous aurez de ses nouvelles ; d’autant plus que votre fils lui a échappé, ce qui doit redoubler encore sa fureur.

— Mais, ma fille ?…

— Ne vous en occupez point ; Taréas et moi vous la ramènerons, je vous en donne ma parole d’honneur !

— Ah ! mon ami, s’écria le colonel, si vous faisiez cela !…

— Vous avez ma parole, mon colonel.

— Et je sais ce qu’elle vaut, dit M. de Vorcel en pressant la main du chasseur. Quant à vous, ajouta-t-il en se tournant vers le chef, votre nom est synonyme de courage et loyauté, aussi, n’oublierai-je jamais le dévouement dont vous faites preuve à mon égard.

— Les Hurons sont amis des Français, dit simplement le chef ; mon frère a donc le droit de compter sur moi.

— Ainsi, dit Sans-Peur, vous suivrez mon conseil.

— Oui, mon ami, car c’est, en effet, le parti le plus sage ; d’autant plus que cette demeure, hier encore si gaie, ne me rappellerait plus que de pénibles souvenirs.

En ce moment, une dizaine de Hurons entrèrent dans le jardin.