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HURONS ET IROQUOIS

— Hein ! fit le colonel en pâlissant, que dites vous ?

— Je dis que vous êtes un homme et que vous devez avoir du courage.

— Mais vous me faites mourir ! s’écria M de Vorcel ; expliquez-vous clairement.

Le chasseur s’inclina et fit le récit de ce qui s’était passé.

Lorsqu’il eut terminé, le colonel était d’une pâleur livide. Pas un mot, pas un cri ne sortirent de ses lèvres blêmies.

Sans-Peur le regardait ; ému de cette douleur d’autant plus poignante qu’elle était muette.

Soudain, le colonel bondit hors de son lit et appela son domestique pour qu’il lui passât ses habits.

— Vous allez venir avec moi, n’est-ce pas ? dit-il à Sans-Peur d’une voix brève.

— Je suis à vos ordres, mon colonel ; mais j’ai à rendre compte, au général, d’une mission dont il m’a chargé.

— Nous irons ensemble.

En moins de deux minutes, le colonel fut prêt à partir.

— Venez, dit-il au chasseur.

Les deux hommes sortirent et se dirigèrent vers l’hôtel du général.

Dès que M. de Montcalm eut appris l’horrible drame qui s’était passé à la villa, il prit dans les siennes les mains glacées du colonel, et, au lieu de ces phrases banales de condoléances que certaines gens croient devoir adresser en pareil cas, il lui dit simplement :

— Partez, mon ami, et si vous retrouvez les assassins, comptez sur moi pour en tirer une vengeance éclatante !

Le colonel remercia son chef et se retira avec Sans-Peur.

À peine dehors, ils sautèrent en selle et partirent à fond de train, sans échanger une parole.

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