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HURONS ET IROQUOIS

— Pourtant, elle n’a pas été emmenée prisonnière ; elle eut été avec son frère.

— Taréas saura, dit le chef.

— Que voulez-vous dire ?

Le chef sourit sans répondre.

Le chasseur connaissait trop bien les Peaux-Rouges pour insister. Il comprit aussitôt que Taréas avait un plan.

Il se rendit alors près du domestique, qui commençait à se remettre de sa violente émotion, mais dont la mémoire n’était pas encore assez nette pour qu’on pût lui faire subir un interrogatoire.

— Chef, dit-il à Taréas, restez ici avec vos guerriers ; moi, je vais me rendre à Québec pour prévenir le colonel de Vercel. C’est une rude commission, mais il est Impossible de tarder davantage.

— Quand mon frère reviendra-t-il ? demanda le chef.

— Au lever du soleil. Québec n’est qu’à cinq lieues d’ici ; en marchant vite, c’est l’affaire de deux heures.

— Mon frère n’aura pas besoin de courir, dit en souriant Taréas.

Et de la main il assigna un cheval tout sellé qu’un guerrier amenait devant la porte.

— Tiens ! fit le chasseur, il paraît que les Iroquois n’ont pas visité l’écurie.

Et d’un bond il fut en selle.

— Ainsi, chef, je peux compter sur vous ? dit-il en tendant la main à Taréas.

— Que mon frère parte tranquille ; il me retrouvera ici avec mes guerriers.

— Merci !

Et rendant la main à son cheval, Sans-Peur sortit de la cour et partit à toute bride dans la direction de Québec, où le marquis de Montcalm avait établi son quartier général.

En entrant dans la ville, il fut arrêté par une patrouille.