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LE CHEF DES HURONS

Arrivé à une courte distance des rochers, il fit de la main un geste gracieux en disant :

— Mes frères sont les bienvenus ; mais pourquoi, au lieu de continuer leur chemin, se sont-ils embusqués ainsi ?

Après avoir prononcé ces paroles, le chef Iroquois se tut, attendant une réponse, mais cette réponse ne vint pas.

— Allons, reprit Niocébah, je vois que je me suis trompé ; je croyais avoir devant moi des guerriers courageux et je n’ai affaire qu’à des femmes peureuses.

Ce sanglant sarcasme n’obtint pas davantage de réponse.

— Bon ! reprit-il, ce ne sont pas même des femmes : ce sont des chiens français ; je donnerai l’ordre à mes jeunes hommes de les fouetter à coups de baguette et ils s’enfuiront en hurlant de frayeur.

Cependant, Taréas ne le perdait pas de vue. Tout en rampant sur le sol, il avait donné ses ordres à ses guerriers ; et quand Niocébah eut fini de parler, il se dressa d’un bond en disant :

— Les Iroquois sont des chiens ; ils vont mourir !

Et, d’un geste prompt comme la pensée, il épaula son fusil et tira. Si rapide qu’eût été ce mouvement, Niocébah avait eu le temps de se baisser ; mais une balle envoyée par Sans-Peur le jeta sur le sol.

Exaspérés par la mort de leur chef, les Iroquois se ruèrent sur Taréas, qui les attendait le tomahawk à la main ; mais les Hurons bondirent à leur tour et les enveloppèrent. En quelques minutes, les guerriers de Niocébah furent étendus morts ou blessés.

Sans-Peur s’était précipité vers les quatre Indiens qui entouraient le captif, et en avait abattu deux à coups de pistolets ; leurs camarades lâchèrent pied et s’enfuirent à toutes jambes.

Le chasseur courut alors au prisonnier, dont il trancha les liens ; mais il n’eut pas plutôt examiné son visage qu’il poussa un cri de surprise :

— Quoi ! c’est vous, monsieur Louis ? s’écria-t-il.