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LA LOI DE LYNCH

Quant au chasseur, il n’avait reçu que quelques égratignures insignifiantes ; aussi fut-il chaudement félicité.

Peu à peu, le calme se rétablit.

— Messieurs, dit le colonel, notre tâche n’est pas terminée. Il nous reste à juger les autres coupables.

— À quoi bon cette comédie ? fit James en haussant dédaigneusement les épaules. Puisque nous sommes condamnés d’avance, exécutez-nous et qu’on en finisse.

— Ainsi, vous ne vous repentez pas ? dit tristement M. de Vorcel. Au moment de paraître devant Dieu, vos crimes ne vous inspirent aucun remords ?

Un ricanement des bandits fut leur seule réponse.

Jusque-là, ils avaient gardé le silence avec un vague espoir que leurs juges leur en tiendraient compte. Mais leurs illusions s’étaient dissipées et ils avaient repris tout leur cynisme.

— Messieurs, dit le colonel, en s’adressant aux chasseurs, en votre âme et conscience, quelle peine ont mérité ces hommes ?

— La mort ! firent-ils d’une seule voix.

— Vous avez entendu ? dit le colonel en se tournant vers les prisonniers.

— Pardieu ! fit James ; nous ne sommes pas sourds.

Les bandits furent conduits dans la plaine, et, un quart d’heure après, une fusillade crépitait, éclairant les ténèbres comme un coup de foudre.

Justice était faite.

Dès que le jour parut, une large tranchée fut creusée, et l’on y jeta les cadavres des bandits, dont les crimes avaient pendant si longtemps ensanglanté le désert.

Le colonel et son escorte restèrent deux jours au milieu de la famille Dufour, afin de se remettre complètement de leurs fatigues.

Avant de partir pour retourner à Québec, M. de Vorcel prit son hôte à part.

— Vous avez sauvé mon fils, lui dit-il. Quoique de sem-