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LA LOI DE LYNCH

s’adressant à tous les prisonniers. Quelle explication avez-vous à donner pour votre défense ?

Les bandits gardèrent le silence.

— Eh bien, James et la Panthère, vous ne répondez pas ? fit Sans-Peur d’un ton goguenard.

En se voyant reconnus, les deux pirates firent un effort désespéré pour rompre leurs liens, car ils comprirent qu’ils étaient perdus ; mais ils eurent beau se tordre comme des serpents, ils ne réussirent qu’à faire pénétrer plus profondément dans leurs chairs les cordes qui les garrottaient.

— Vous connaissez ces deux hommes ? demanda le colonel en regardant Sans-Peur avec étonnement.

— Si je les connais ! s’écria le chasseur d’une voix tonnante. Mais sachez donc que ce sont les plus infâmes gredins qu’on puisse voir ! Leurs mains ont versé plus de sang qu’il n’y a d’eau dans le Saint-Laurent. Ces misérables, dont l’un est blanc et l’autre rouge, n’appartiennent plus à aucune race ; ils se sont rangés d’eux-mêmes parmi les bêtes fauves ! Les cadavres dont ils ont semé le désert sont incalculables, et c’est réellement Dieu qui, en les réunissant, les a conduits ici afin que nous en fassions justice !

— Eh bien ! oui, hurla le Sioux, la face hideuse et les traits contractés par une rage impuissante, tout ce que tu as dit est vrai, chien des Faces-Pâles ! mais tes aboiements ne sauraient effrayer un guerrier qui se rit de la mort. Oui, j’ai égorgé les blancs, pillé leurs caravanes, vendu leurs femmes et leurs enfants comme esclaves dans les tribus indiennes, et, en ce moment, je ne regrette qu’une chose, c’est de n’avoir pu vous anéantir jusqu’au dernier !

— À mort ! à mort ! s’écrièrent tous les chasseurs en brandissant leurs couteaux.

— Vous êtes des lâches ! ricana la Panthère. Si j’étais libre, vous n’oseriez même pas me regarder en face !