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HURONS ET IROQUOIS

À peine dix minutes s’étaient-elles écoulées depuis que Sans-Peur et les Hurons s’étaient cachés, qu’ils virent apparaître à travers les arbres les formes encore indistinctes d’une trentaine d’indiens qui avançaient, non pas en file indienne, c’est-à-dire les uns derrière les autres, mais en ligne, les fusils en avant : c’étaient des Iroquois.

Taréas se pencha vers Sans-Peur et lui souffla à l’oreille :

— Niocébah !

Sans-Peur tressaillit.

Niocébah était un chef iroquois dont l’audace, le courage et la cruauté avaient rendu le nom redoutable à tous les colons de la Nouvelle-France.

Soudain, le chasseur fit un geste comme pour avancer, mais Taréas le retint par le bras.

Sans-Peur avait distingué, à une vingtaine de pas en arrière de la ligne formée par les Iroquois, quatre guerriers au milieu desquels marchait un blanc, qu’à sa taille peu élevée et à son visage imberbe il reconnut pour un jeune homme, presque un enfant.

Il était évident pour Sans-Peur que Niocébah, après avoir accompli un de ces actes de violence dont il était coutumier, profitait des ténèbres pour opérer sa retraite en emmenant un captif afin d’en faire un otage au cas où sa sécurité l’exigerait.

Le chasseur échangea quelques mots à voix basse avec Taréas ; le chef sourit, fit un geste d’assentiment et, se couchant sur le sol, il s’éloigna en rampant comme un serpent, sans que le plus léger bruit trahit cette manœuvre.

Cependant, les Iroquois se rapprochaient de plus en plus ; bientôt, ils ne furent plus qu’à cinquante pas des roches ; mais, sur un signe de leur chef, ils firent halte et s’embusquèrent derrière les arbres avec la rapidité de l’éclair.

Seul, Niocébah resta à découvert ; il jeta son fusil en bandoulière et, le sourire aux lèvres, fit encore quelques pas.

Sa sagacité lui avait fait pressentir la présence de ses ennemis.