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LE CHEF DES HURONS

remplies de poissons ; ces coursiers agiles qui les emportent comme le vent. Tous ces biens, les Hurons veulent les partager avec leurs amis les Français. Leur sang s’est déjà mêlé dans le sentier de la guerre ; il s’y mêlera encore, jusqu’au jour où ils auront chassé leurs ennemis. Mais si les habits rouges étaient jamais vainqueurs, Taréas monterait dans sa pirogue et irait, de l’autre côté de la mer, trouver leur chef pour prendre sa chevelure. J’ai dit.

L’idée de Taréas se rendant à Londres pour scalper le roi d’Angleterre, souleva un tonnerre d’applaudissements.

— Chef, dit M. de Vorcel, les Hurons sont des braves, et les Français n’oublieront jamais les services qu’ils leur rendent. Quant à moi, je suis heureux et fier de vous avoir pour ami, car jamais cœur plus loyal n’a battu dans une poitrine.

Et il tendit au chef une main que celui-ci serra avec une orgueilleuse émotion.

— Maintenant, dit le colonel, il nous reste un devoir à remplir. Des pirates, pris les armes à la main, sont là. Nous allons les juger, et, quelle qu’elle soit, la sentence sera exécutée immédiatement.

Un calme profond et solennel régna aussitôt parmi les convives, si bruyants quelques instants auparavant.

Joseph Dufour fit installer une table et des sièges à peu de distance de l’endroit où se tenaient les bandits.

Le colonel y prit place, avec, pour assesseurs, le fermier et Sans-Peur.

— Faites avancer les prisonniers, dit M. de Vorcel d’une voix grave qui résonna étrangement dans la nuit.

Les bandits furent conduits à quelques pas de la table.

Les chasseurs se massèrent derrière eux.