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— Plus bas. Taréas pourrait vous entendre.

— Le chef est un brave cœur !

— Oui, mais il est Huron, c’est-à-dire Indien, et comme tel il lui déplairait fort d’entendre médire d’une coutume qui lui est chère et qui a orné sa hutte de nombreux trophées attestant sa valeur.

Le colonel allait répondre, quand Sans-Peur lui posa la main sur le bras en arrêtant son cheval.

— Qu’avez-vous donc ? lui demanda M. de Vorcel.

— Écoutez, fit le chasseur en se penchant en avant.

Les chasseurs avaient fait halte.

— Tonnerre ! hurla Sans-Peur, on attaque la ferme !

Puis, se tournant vers la troupe, il cria d’une voix tonnante :

— Camarades, sus aux bandits !

Et il partit comme un trait, suivi du colonel et des chasseurs.

Les chevaux, stimulés par leurs cavaliers, volèrent dans l’espace. Ils allaient, tourbillon vivant, franchissant les ravins, traversant les fourrés, posant à peine sur le sol leurs fins sabots.

Bientôt leur galop furieux se changea en une sorte de vertige.

On entendait distinctement des coups de feu crépiter au loin.

— En avant ! en avant ! hurlait Sans-Peur.

Et les chevaux volaient toujours.

Au détour d’un bois, on aperçut, à un kilomètre à peine, une quarantaine de bandits qui, massés à cent mètres de la ferme, exécutaient un feu terrible.

Le bruit des coups de fusil les empêcha d’entendre le galop des chevaux, qui arrivaient sur eux comme un ouragan.

Sans ralentir leur allure, les chasseurs, en tête desquels se tenaient le colonel, Sans-Peur et Taréas, passèrent sur les assaillants comme une avalanche ; puis, se retournant, ils se déployèrent en éventail, firent un feu de salve et les chargèrent à coups de crosse de fusil.

Les bandits, surpris à l’improviste par cette foudroyante attaque, tentèrent de fuir ; mais le cercle qui les entourait se resserra de plus en plus.