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LA CHASSE AUX BANDITS

— Si vous faites cela, les coureurs des bois vous béniront, car ils pourront au moins exercer leur métier en toute sécurité, sans craindre de se voir dépouiller du fruit de leur labeur, comme ce n’est que trop fréquent. Il est vrai que, lorsqu’ils en attrapent un, ils en font bonne et prompte justice, mais cela arrive rarement : les pirates ne marchent généralement qu’en troupes nombreuses, tandis que les chasseurs vivent isolément.

— Ami Sans-Peur, dit M. de Vorcel, je vous promets de mettre bon ordre à cet état de choses.

— D’autant plus que les braves gens qui vous accompagnent ne demanderont pas mieux, car, en leur qualité de chasseurs, ils ont tous quelque injure à venger.

Et, tout joyeux, Sans-Peur alla serrer la main aux chasseurs de l’escorte, qui, tous, étaient ses amis.

Quand ces braves gens apprirent la résolution du colonel, ils trépignèrent de joie.

Enfin ! ils allaient donc pouvoir exterminer une partie de ces voleurs qui, depuis si longtemps, les dépouillaient du produit de leurs chasses !

Cette perspective les rendit d’une gaieté folle. Ils riaient et chantaient, tout en sellant leurs chevaux et visitant leurs armes.

Une heure plus tard, la troupe se mettait en route, au galop de chasse, afin de ne pas trop fatiguer les chevaux.

Vers midi, on fit halte au pied d’une colline. En quelques minutes, le campement fut installé, et des quartiers de venaison grillèrent bientôt devant d’immenses brasiers.

Les chevaux, débridés, mangeaient à pleine bouche l’herbe de la plaine, dans laquelle ils disparaissaient jusqu’au poitrail.

Lorsque bêtes et gens furent rassasiés et reposés, le colonel donna l’ordre du départ.

Les chasseurs remirent la bride à leurs coursiers et sautèrent en selle.

Cette fois, l’allure fut plus vive que le matin.

À mesure que l’on avançait, M. de Vorcel sentait grandir