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LA CHASSE AUX BANDITS

ses hommes fussent arrivés exténués. Je vous remercie de les avoir devancés.

— Mon frère m’attendait ; voilà pourquoi j’ai quitté les Visages-Pâles. D’ailleurs, un chef huron ne connaît pas la fatigue.

— C’est vrai, vous êtes aussi robuste que brave.

— Les lèvres de mon frère distillent toujours le miel, fit le chef en souriant.

— Non pas ! je dis la vérité, voilà tout. Maintenant, quand partirons-nous !

Taréas consulta la position des étoiles, puis il se leva, resserra sa ceinture et ramassa son fusil.

— Partons, dit-il ; la route est longue.

Sans-Peur passa sa gibecière en bandoulière, prit son fusil et suivit le chef, qui, déjà, s’éloignait de ce pas relevé particulier aux Peaux-Rouges.

Ils n’avaient pas fait cent pas, qu’un rauquement terrible ébranla les airs, en même temps qu’une masse sombre se profilait à peu de distance.

Les deux hommes s’arrêtèrent net et armèrent leurs fusils.

— C’est un jaguar, dit tranquillement Sans-Peur. Restez là, chef, et laissez-moi faire.

Il marcha résolument à la rencontre du fauve, qui, en le voyant approcher, se ramassa sur lui-même, prêt à bondir.

Le chasseur s’arrêta à vingt pas du jaguar et attendit, le fusil en joue.

Le fauve poussa une sorte de miaulement et commença d’avancer en rampant lentement.

Tout à coup, il poussa un cri rauque et fit un bond prodigieux.

Sans-Peur tira, mais l’animal, blessé seulement, vint s’abattre sur lui comme une masse.

L’homme et le jaguar roulèrent sur le sol.

C’en était fait de Sans-Peur, car sa chute avait été si brusque qu’il n’avait pas eu le temps de dégainer son couteau, mais