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LE CHEF DES HURONS

Tout à coup, l’inconnu se dressa d’un bond, saisit son fusil qu’il arma, et se jeta derrière un arbre.

Presque aussitôt, le cri de l’épervier se fit entendre, et un Indien parut à la lisière d’un petit bois situé à une portée de pistolet.

— Bon ! murmura le chasseur en reprenant sa place près du feu, Taréas est exact.

Et Sans-Peur, que le lecteur a peut-être reconnu, tira de sa gibecière différentes provisions qu’il étala sur l’herbe.

L’Indien approchait rapidement : il fut bientôt près du feu.

— Vous avez fait un bon voyage ? dit le chasseur en se levant et lui tendant la main.

— Oui, répondit laconiquement le chef, en souriant et serrant la main que son ami lui tendait.

— Alors, reprit Sans-Peur en désignant les provisions placées près du feu, mangez et buvez, nous causerons après.

Taréas s’accroupit à terre et attaqua vigoureusement les vivres.

Lorsqu’il fut suffisamment rassasié, il alla boire à la rivière, et revint près de son ami ; puis tirant son calumet de sa ceinture, il le bourra lentement, l’alluma et se mit à fumer silencieusement.

Cette occupation dura dix minutes. Le chef, ayant consumé le tabac, en secoua les cendres dans le foyer, repassa son calumet à sa ceinture et attendit que son ami l’interrogeât.

— Vous avez vu le colonel ? questionna le chasseur.

— J’ai vu le chef blanc, répondit simplement Taréas.

— Où est-il en ce moment ?

— Près de la grotte des Vautours.

— La troupe est-elle nombreuse ?

— Trente guerriers blancs l’accompagnent.

— Pourquoi n’est-il pas venu jusqu’ici ?

— Le chef blanc a fait arrêter ses guerriers pour qu’ils puissent manger leur venaison.

— Il a bien fait, car il est tard, et, s’il avait poussé jusqu’ici,