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IX.

LA CHASSE AUX BANDITS.



Il est minuit. La lune éclaire de sa lueur spectrale les immenses solitudes du désert, argentant les eaux de la rivière des Cèdres, qui s’écoulent avec un calme majestueux.

Sous un bouquet d’arbres, à quelques pas de la rive, un homme est accroupi sur le sol, près d’un feu de veille.

Tout en tirant de sa pipe d’énormes bouffées de fumée, il semble réfléchir profondément ; mais cette méditation ne l’empêche pas de se pencher en avant, de temps en temps, pour écouter attentivement les bruits de la nuit.

Parfois, le chant doux et mélodieux de la hulotte bleue se fait entendre dans les fourrés. Puis, tout à coup, un rugissement formidable éclate au loin. Alors, la hulotte interrompt son chant et se tient silencieusement blottie sous le feuillage, comme si elle redoutait de voir apparaître le terrible roi des savanes.

L’homme qui se tient immobile près du feu semble familiarisé depuis longtemps avec ces différents bruits, car ils ne provoquent chez lui aucun mouvement. Il est vrai que son fusil placé à portée de sa main dit assez que, s’il ne redoute rien il est néanmoins prêt à faire face au danger, quel qu’il soit.